Extrait des archives municipales collectées, assemblées et rédigées par M.Favin, ancien instituteur et ancien secrétaire de Mairie.
La Préhistoire
Ossey-les-3-Maisons fut-il une station préhistorique ? Les vestiges sont rares: quelques rares paléolithiques (pointe de lance, coup de poing) ont été trouvés sur le finage local, mais celà ne suffit pas à prouver qu’une tribu néanderthalienne s’est fixée aux sources de la Franconnée …
La découverte d’un polissoir à proximité du village est, par contre, la marque d’une certaine industrie néolithique dans la contrée.
Il a été entendu que ce palissoir aurait été du côté de l’église. Mais qu’était donc devenu ce mégalithe. Il y eu une heureuse surprise, un jour, en feuilletant une plaquette poussièreuse datant du 12 novembre 1880 et rédigée par M.Emille PILLOT : « Polissoirs mégalithiques du département de l’Aube », et de découvrir un paragraphe « Ossey-les-3-maisons ».
Je vous invite à aller voir le site « INVENTAIRE DES MEGALITHES, POLISSOIRS ET HYPOGEES DU DEPARTEMENT DE L’AUBE «
Je transcris :
» – Un polissoir nous avait été indiqué, il y a quelque temps à Ossey par M.CHANTRIOT, négociant à Troyes. Le 9 novembre 1880, nous sommes allés sur place pour en prendre les dimensions et le dessin. Ce polissoir a servi longtemps de seuil à l’entrée du cimetière; il y a environ une quinzaine d’années. Il a été enlevé et déposé sur le bord du chemin qui passe devant l’église, où il se trouve aujourd’hui. C’est un beau spécimen du genre.
Il mesure : 1,40m de longueur sur 1,20m de largeur et 0,40 de hauteur au dessus du sol. Il porte 12 rainures dont 8 n’ont pas moins de 1m de long et 4 cuvettes dont une très profonde; de plus toutes les parties entre les rainures et les cuvettes sont polies; il devait être estimé soit par la nature de la pierre, soit parce que le blocs de grès sont rares dans ces contrées, car il a été d’un long usage.Dans le courant du mois d’octobre dernier, les tailleurs de pierre qui travaillent actuellement à la réparation de l’église ont éssayé de le briser pour en utiliser les morceaux, mais cet acte de destruction n’a pas été consommé par suite de circonstances indépendantes de la volonté de ses auteurs, les outils ont été impuissants.Espérons que l’administration supérieure, prévenue de ce fait, avisera promptement et préservera cette curieuse pierre qui est un but d’excurcion pour tous les archéologues. »En post-scriptum de son recensement des polissoirs, M.PILLOT ajoutait cet article, daté du 31 décembre 1880 : »
Après avoir terminé cette petite notice, nous apprenons que M.RONDINEAU, Préfet de L’aube, auquel M. Jules RAY avait écrit pour le prier de vouloir bien s’interesser à la conservation du polissoir d’Ossey-les-3-Maisons, vient de donner une réponse des plus satisfaisantes.
Le conseil municipal d’Ossey s’associant avec empressement au désir qui lui était exprimé par le Préfet, a bien voulu faire don au musée de TROYES de cet interessant monument mégalithique »Je me suis donc rendu au musée de Troyes pour faire connaissance avec la petite merveille… ps: pas de trace du polissoir dans la collection exposée dans la cour d’honneur. Les personnes consultées sur place ne pouvaient me renseigner quand l’une d’elle se souvint qu’un polissoir était déposé dans le petit parc qui s’étend derrière le bâtiment principal et qui, à l’époque , n’était pas accessible au public.Avec l’autorisation bienveillante du conservateur, je pus m’y rendre. Je trouvai là une dalle en forme d’oeuf, en grès rougeâtre au grain très serré, dont je vérifiai les dimensions : longueur:1,50m, largeur:1,25m, hauteur: 35 cm. Je remarquai qu’il était ébréché en plusieurs endroits et j’y constatai 2 groupes de rainures, 8 ayant de 60 à 80 cm et 4 autres allant de 50 à 70 cm; je distinguai encore une cuvette, regroupé par certaines rainures.
C’est là, vraisemblement le polissoir d’Ossey, puis , la plaque émaillée qui indiquait sa provenance étant totalement détériorée, personne ne se souvenait de son origine!Je dois encore signaler sur le finage d’Ossey une contrée dite de « la grosse borne ». Il est tentant de suggérer que ce lieudit portait autrefois un menhir; mais l’expression pouvait aussi bien désigner un bloc servant de limite à un bien seigneurial ou non … Voici une vingtaine d’années, un exploitant de l’endroit arracha du sol un grès de volume imposant: était-ce la Grosse Borne? En tous cas, ce bloc grossièrement cylindrique n’avait nullement l’allure d’un menhir.
Photos du Polissoire d’Ossey Les Trois Maisons visible au musée de Troyes
Crédit photo : Gérald Hazouard
Source Wikipédia :http://fr.wikipedia.org/wiki/Polissoir
La Gaule
Les Tricasses ont-ils habité la contrée? Il n’en reste trace ni légende, pas plus que du passage des légions romaines. Et pourtant la région fut traversée par plusieurs voies romaines:
– la voie romaine de Châlons à Sens, actuellement matérialisée par la fin d’Orvilliers et la fin de Saint Flavy,
– la voie romaine de Troyes à Beauvais par Pont, Trainel et Paris qui, plus tard, fut remplacée par la route royale Paris-Troyes et qui se nommait encore, il n’y a pas si longtemps, le « Chemins des Romains » sur une partie de son tracé.
Je précise qu’aucune fouille, à ma connaissance, n’est venu confirmer ce qu’affirme la tradition…
Est-ce de l’époque gallo-romaine que datent les « ROUILLONS »? Ces trois talus superposés transforment les versant de la colline qui descend vers les terres alluviales de la Seine en un escalier cyclopéen: peut-être 3 lignes de fortifications… Mais contre quel envalisseur étaient-elles dressés?. Le marquis de CHAMBON fit procéder à des fouilles voici un siècle. On decouvre des monnaies gallo-romaines mais d’autres, qui dataient du règne d’Henry IV. Faut-il croire qu’un premier chercheur était déja passé par la?…
Quant à l’envahisseur évoqué plus haut, il pourrait bien être ATTILA et sa horde de touristes intempestifs. Selon certains auteurs – des aubois pour la plupart – la bataille des Champs Catalauniques se serait déroulée dans la région. On précise même qu’une aile de l’armée d’AETIUS se serait appuyée sur les collines bordant le finage d’Ossey.
ATTILA, lui, a laissé de multiples souvenirs dans la contrée. Je passe sur les JOUQUINS, habitants d’Origny dont on prétend qu’ils descendraient d’une colonie hunnique demeurée en Champagne.
Mais je signale:
– le chemin d’ATTILA, autre nom de la fin de TRAVERS (ou fin d’Origny)
– la croix d’ATTILA qui jouxtait la fin du même nom
– la pierre d’ATTILA, grès sauvage noyé dans l’herbe de la berme du CD 440, à proximité de la ferme de Vaudepuits. On y voyait – parait-il – l’empreinte d’un sabot de cheval (le cheval d’ATTILA bien sûr…). J’ai encore pu observer la pierre en question, mais je n’y ai rien remarqué malgré un examen minutieux. Ce bloc de grès est aujourd’hui disparu, depuis qu’une entreprise a arasé les bermes et évacué les terres ainsi récupérées: personne ne s’est trouvé là, au moment propice, pour ménager la légende!
Enfin, je signalerai encore d’ATTILA – encore lui – s’est précipité sur la Pierre au Coq, le menhir de Soligny-les-Etangs, pour l’embrasser…
Le Moyen Age
Il faut attendre 1147 pour voir apparaître le nom d’OCCE sur un cartulaire de l’abbaye du PARACLET. Déjà , sans doute, à cette époque, une petite communauté s’était-elle dévéloppée auprès des sources de la FRANCONNEE et s’y était érigée en paroisse. Ne prétend-on pas que notre église date, dans ses parties les plus anciennes, du XIIème siècle?
Mais les maigres ressources du terroir local n’ont tenté comte ni baron. Aucun seigneur n’a jeté les yeux sur ce coin aride de champagne Pouilleuse pour y planter sa motte et y éléver son donjon.
Néanmoins la seigneurie n’est pas restée vacante: bien que les maîtres n’ont marqué que peu d’intérêt pour un fief d’aussi maigre rapport. Aussi est-il difficile de reconstituer la chonologie de la seigneurie. Ossey a été fréquemment oublié dans les aveux et dénombrements, mais trop souvent il est inclus dans les « aultres lieux » qui closent l’énumération des biens féodaux.
Bref, on ne peut établir qu’une liste très fragmentaire des seigneurs des lieux.
Dés l’époque capétienne, la seigneurie est partagée entre les seigneurs de Marigny et ceux de St Martin de Bossenay.
La seigneurie de Marigny est alors la deuxième baronnie. Elle relève de l’évêque et du duché d’Estissac. Dés 1147, Garnier II de Trainel, seigneur de Marigny qui se couvrira de gloire en croisade, donne 1/4 de ses dîmes d’Ossey à l’abbaye du Paraclet. A sa mort( 1194), Garnier III lui succède. Est-ce le même qui, sous le nom de Garnier de Potangis, donne, conjointement avec ses cohéritiers Thibaud et Simon Isambart clercs, abondonne en 1202 la totalité de leurs dîmes à l’abbaye du Paraclet ? Dans la même lignée Garnier IV (1217-1255 ?) qui prend le titre de seigneurs de Marigny après partage de famille, transmet son titre à Garnier V qui en 1266 donne 15 livres de rente à l’abbaye de Vauluisant. Sa veuve Erambor d’Epoisses abandonne aux mêmes moines un gagnage et un four (on en reparlera) en 1268.
A la même époque, la seigneurie de Saint Martin est vassale de celle de Pont sur Seine à qui elle doit gardé au château. C’est ainsi que Jean de PEL seigneur de St Martin( et pour partie d’Ossey) va passer un mois auprès de son suzerin pontois (1227 – 1234) et, après lui, Guillaume du Bois (1249-1252) par sa femme (veuve ou fille de Jean de Pel). On relève encore en 1263 une Marguerite d’OCEY, veuve de Guillaume de SANCHI (peut-être le même) qui doit 3 mois de garde à Pont.
L'abbaye du Paraclet
L’original de cette page était à cette adresse :
http://www.bm-troyes.fr/pages/expos-en-ligne/H%C3%A9lo%C3%AFse au Net/Tressage2.html
Merci à l’auteur: BMVR de TROYES – Emmanuel MAUJEAN
Je vous propose de lire l’article parue dans le magazine VAL n° 1044 qui retrace la vie
d’Héloïse et Abélard.
De l’oratoire au couvent
L’abbé de Saint-Denis, Suger, obtient du pape que le monastère d’Argenteuil lui soit rétrocédé en 1129. Héloïse et les autres moniales se trouvent alors sans refuge.
Sept ans auparavant, Abélard s’était retiré en ermite dans la campagne champenoise, où il comptait quelques amis. Il y avait installé un oratoire dédié au Saint-Esprit consolateur, le Paraclet, où l’avaient rejoint quelques-uns de ses élèves. Mais, appelé à la tête de l’abbaye de Saint-Gildas de Rhuys en Bretagne vers 1126, Abélard avait dû laisser l’oratoire à un clerc quand Héloïse se trouva chassée d’Argenteuil.
Il offre alors à son ancienne amante de s’installer au Paraclet. Après des débuts difficiles, la communauté s’organise. Le pape Innocent II reconnaît l’établissement monastique en 1131 et les bienfaiteurs permettent au domaine de l’abbaye de s’accroître rapidement. Héloïse et saint Bernard
Héloïse recherche une règle de vie pour son monastère où vivent, comme à Fontevrault, des religieux des deux sexes sous la direction d’une abbesse. Elle lui sera fournie par Abélard, qui compose également des œuvres liturgiques pour le monastère.
Au-delà de l’amour qui les unissait autrefois dans le siècle, le Paraclet devient alors leur œuvre commune.
Les tombeaux d’Héloïse et d’Abélard
Ossements, ou reliques ? Dès la mort d’Abélard, les dépouilles des deux amants furent l’objet de pieuses convoitises et, parfois, d’un véritable culte. En sept siècles, neuf sépultures se sont succédées.
Abélard meurt en 1142 au monastère de Saint-Marcel, près de Chalon-sur-Saône. Deux ans plus tard, son corps est transféré au Paraclet, dans l’ancien oratoire. A la mort d’Héloïse, en 1164, les corps des deux anciens amants sont réunis.
Entre la fin du XVe siècle et la Révolution, les cendres sont placées successivement en trois endroits différents à l’intérieur de l’abbatiale. En 1621, le tombeau reçoit une sculpture représentant les trois figures de la Trinité qui avait été exécutée à l’époque d’Abélard. Puis, en 1780, une dalle de marbre comportant une épitaphe attribuée à Marmontel est ajoutée. A la vente de l’abbaye en 1792, le tombeau est déplacé dans l’église paroissiale de Nogent-sur-Seine, où il est détruit en 1794.
Au début de l’Empire, Alexandre Lenoir constitue un « musée des Monuments français », à Paris. Peu soucieux d’exactitude historique et stylistique, il compose un tombeau monumental à partir de pierres disparates provenant des abbayes de Saint-Marcel, Saint-Denis et du Paraclet.
Témoin d’un engouement romantique pour la légende d’Héloïse, ce tombeau fut transféré au cimetière du Père-Lachaise en 1817
La Guerre de 100 ans
J’abondonne Ossey à l’époque du roi Saint Louis. Aucun document ne permet d’évoquer la fin des temps capétiens, ni même les misères de la guerre de cent ans. Il serait bien étonnant que cette période sombre de notre histoire n’ait pas amené son lot de famines, rapines et autres épidémies. Seule la pauvreté de la région a pu protéger la contrée des passages trop fréquents des bandes armées et des grandes compagnies.
Est-ce de cette époque que date le souterrain dit « de la Cave » dont l’exploration trop tardive, hélas! est contée en 2 parties: 1 et 2 (c’est un document manuscrit de l’époque: 1918)
Pendant cette longue période, les actes féodaux restent muets sur le sort de la seigneurie locale. Celle-ci n’a pourtant disparu mais son importance, toute relative, ne lui accorde pas droit à une citation toute particulière dans l’énumération des terres dont le maître fait aveu et dénombrement. Après Rainier V et Erambor d’Epoisses, la seigneurie de Marigny a éclaté entre divers héritiers: lequel a reçu les droits sur Ossey? Peut-être Marie leur fille qui transmet elle-même ses biens à sa soeur Agnès femme de Poincet de THIL (mort en 1290). La famille de THIL dite aussi de CHATEAUVILLAIN vend la seigneurie en 1447 à Thibaut de VITRY qui en fait don à Guillaume JUVENAL des URSINS (JOUVENEL des URSINS), son petit-fils.
Il est temps de reparler du four donné par Erambor d’Epoisses à l’Abbaye de Vauluisant. En 1461, l’abbé vient à Ossey dans l’intention de faire rebâtir le four banal. Il apprend sa destuction « par fortune de guerre ». Aussi, les habitants lui proposent-ils de renoncer moyennant 1 bichet d’avoine par habitant(20 à 40 l selon l’endroit…). L’abbé accepte, pour 29 ans. Mais 4 ans plus tard, rien n’a encore été payé. La plupart des habitants se déclarent prêts à se libérer, mais d’autres refusent de le faire et d’autres encore prétendent ne pas y être tenus (procès-verbal du 26 janvier par Jacquin MARCHERAT, lieutenant de Jean AUBERT, bailli d’Ossey). La convention sera néanmoins renouvellée le 11 février pour 39 ans et aux mêmes conditions, les femmes veuves voyant leur contribution ramenée à 1 boisseau. Le paiement doit se faire à la St Martin d’hiner. Le contrat sera encore renouvelé le7 novembre 1604, toujours pour 39 ans….
C’est vraisemblablement à la fin des cette période que le hameau des Trois-Maisons va amorcer son développement quand Louis XI créa le corps des chevaucheurs tenant la poste pour le roi et que les auberges s’implantèrent au bord de la route royale Paris-Troyes, l’une d’elles devenant relais de poste.
La Réforme
Me conformant aux grandes périodes de notre histoire, je n’ai tout de même pas osé titrer « Renaissance et réforme ». La vallée de L’Ardusson n’est pas celle de La Loire…. et Léonard de Vinci n’a pas oeuvré dans la région.
Les guerres de religion, par contre, ont sévi comme partout. Si la tradition n’a rapporté aucun des sordides réglements de comptes entre catholiques et protestants, l’histoire nous apprend que les troupes fidèles à Henri III, commandées par M. de BINTEVILLE, dépouillièrent le coche de son courrier lors de son passage aux Trois-Maisons. Les ligueurs troyens, hostiles au roi, étaient visés par cette opération.
Il devient à nouveau possible de suivre la dévolution de la seigneurie. Guillaume JUVENAL des URSINS mort en 1472 , a laissé des biens à Jean II JUVENAL des URSINS qui décède sans enfants en 1492. Son héritière, Jacqueline JEVENAL des URSINS est l’épouse de Jean de BEAUJEU à qui succède Philibert de BEAUJEU dont l’énumération des biens comporte la mention Ossey…. (1515 et 1531). A nouveau , la seigneurie de Marigny est partagée par héritage. Elle sera cependant réunie par François DESMIER grâce à diverses opérations (héritage, donation et partage) en 1547. Viendra ensuite François II DESMIER puis Jean et François III DESMIER sous la tutelle de leur oncle François de DURAT (1587) époux de Françoise BOUTON puis de sa fille Jeanne de DURAT, femme de Jean de VEILLARD (1596-1623).
A voir cette recherche sur les DESMIER DE MARIGNY
A cette époque, je devrais dire déjà à cette époque, la paroisse était fort pauvre et les habitants devaient recourir à l’emprunt. Une dame LUIRON de la paroisse prête 3 800 écus moyennant une rente annuelle en grain à verser par les habitants (la dixième gerbe). Cette rente, rachetable pour 3 800 écus sera servie jusqu’en 1775.
La Monarchie Absolue
Jeanne de DURAS, devenue en seconde noce, l’épouse de Charles de LAMETH, baron de BUSSY, fait encore valoir ses droits en 1640. Leur fils, Antoine, François de LAMETH ( de gueules à la bande d’argent accompagnée de 6 croisettes recroisettées) hérite de la seigneurie avant de la transmettre à ses enfants en 1683. Famille LAMETH
A cette date, donc, les droits sont partagés entre :
Antoine Hyacynthe de MAINVILLE époux de Jeanne Françoise de LAMETH,
Charles marquis de CHATELET (ou de CHASTENAY) ( d’or à la bande de gueules chargée de 3 fleurs de lys dans le sens de la bande) époux de Catherine de LAMETH
Gabrielle de BUSSY-LAMETH
La famille de MAINVILLE ( de gueules au chevron d’argent chargé en pointe d’un lion de sable et accompagné de 3 harpes d’or posées 2 et 1) va regrouper la seigneurie entre partage en 1683.
Je cite donc: un comte de MAINVILLE e, 1716 et 1743 (fils de Hyacinthe 1er et Jeanne Françoise.)
Suis Antoine Hyacinthe II comte de MAINVILLE en 1761.
Mais à cette date, la seigneurie est à nouveau morcelée puisqu’on relève en 1758 le Marquis de PONT SAINT PIERRE et son frère le Marquis de RONCHEROLLES et en 1760 et 1761, Claude Thomas Sybille Gaspard Dorothée de RONCHEROLLES.
En 1764, Antoine Hyacinthe II de MAINVILLE vend ses droits (le moulin , 300 arpents de terre et une rente de 18 livres) à Jean-Nicolas de BOULLONGNE propriétaire de la ferme de la MARDELLE.
Désormais ses armes de gueules à un tour d’argent et un chef d’azur chargé de 3 étoiles d’or vont reigner sur le fief d’Ossey jusqu’à la révolution. Son fils Paul Esprit Charles de BOULLONGNE ne jouira pas longtemps des droits dont il hérite en 1785.
A voir cette recherche sur la famille BOULLONGNE
Avant d’abandonner cette période, je dois encore évoquer les difficultés financières de la paroisse. J’ai relaté plus haut que les habitants devaient payer une rente à un emprunt fait auprès de dame LUIRON en 1598. En 1755, un sieur LECLERC, propriétaire à OSSEY, élève à ce sujet de nouvelles prétentions. D’où l’instance jugée le 10 juin 1760 aux Requêtes de l’Hotel qui confirment le caractère ratachable de la rente. Mais le procès a entrainé des frais d’où la nécessité de nouveaux emprunts : 4623 livres puis 11400 !
Le 6 juin 1775, l’assemblée des habitants demande l’autorisation d’emprunter 16000 livres pour rembourser LECLERC de sa rente. Celui-ci a effermé cette rente au prix exorbitant de 2400 livres soit beaucoup plus que les intérêts à payer sur l’emprunt de 16000 livres excompté.
Finalement, le 12 février 1767, le roi autorise, par lettres patentes les habitants à emprunter 17000 livres pour acquitter plusieurs dettes de la commune.
L'Empire
Faut-il croire que la commune n’a connu que du bonheur sous l’empire ?: je n’ai en effet aucun document à produire, aucune relation à faire sur cette période…
Ah, j’oubliais, un curieux procès-verbal qui nous rappelle que les percepteurs ont été , de tous temps, les mal-aimée:
» Cejourd’hui 29 mars, heure de dix heures du matin, moi percepteur soussigné faisant ma tournée de recouvrement étant muni de mes rôles et d’un fusil, tant pour ma conservation que celle des deniers du gouvernement, je viens d’être attaqué par les chiens de la veuve PROTIN, ayant crié par plusieurs fois, comme étant sur la chaussée du ci-devant Moulin Rouge qu’on rappelle les dits chiens, personne n’est venu à mon secours. Un chien s’est jeté sur moi, je me suis défendu trop longtemps avec le canon. Cependant, j’ai porté ma main à la batterie et armé mon fusil et tué le chien. A l’instant , sur le coup, la veuve PROTIN a sorti de chez elle, appelé un de ses enfants qui était à la charrue, qui vient avec elle me poursuivre un fusil à la main et son gros chien avec eux. Heureusement, j’ai eu la faveur de plusieurs charretiers pour me sauver la vie, principalement le sieur SEURAT et CHAILLIEE de Marigny, témoins de cette conduite.
La preuve que les chiens sont méchants que le 12 janvier derniers, ils se sont jetés sur la femme de Monsieur Maurice GAUCHER de Saint Flavy et l’avoir dévorée. Jai dressé le présent procès-verbal et déposé au maire de la commune d’Ossey-les-Trois-Maisons pour en donner communication aux autorités compétentes, ce 29 mars 1810 HENNEQUIN Percepteur »
Je relève encore le procès-verbal d’amnistie accordée, au nom de l’empereur, par le maire, à 2 déserteurs, gardes nationnaux du poste de Saint-Ouen.
Il me faut encore transcrire ce paragraphe :
« Cejourd’hui 22 floréal an XIII, il m’a été remis par le sieur PRIEUR, piéton de notre commune, un livre contenant édition originale et seule officielle appelés le code Civil des Français envoyée par le Grand Juge, ministre de la justice signée RAIGNER.
Fait et transcrit au présent registre ce jour 22 floréal an XIII
POLLENTRU Maire d’Ossey-les-3-Maisons »
L’invasion, la campagne de France n’épargneront pas la région. Chacun a encore en mémoire les combats de la Rothière, de Brienne, d’Arcis et de Nogent. Une tradition locale raconte qu’un combat eu lieu dans la contrée du Riot contre un parti de cosaques. C’est bien vague, mais je signalerai , néanmoins, que lors de la construction des maisons du premier lotissement, il a été trouvé, dans les fondations, un certain nombre de carcasses de chevaux. A-t-on enterré là les victimes du combats de 1814 ?
La 1ère Moitié du XIXème Siècle
Je suppose que la population locale accueillit avec soulagement la longue période de paix qui s’étendit sur la plus grande partie du XIXème siècle. Les tempêtes des révolutions de 1830 et de 1848 n’eurent ici, semble-t-il, qu’un écho bien affaibli.
La seconde république même paraît n’avoir laissé aucun souvenir remarquable. Cependant le conseil municipal « s’associant aux vues bienfaisantes du gouvernement » vote une imposition extraordinaire de 1 centime pour participation aux ateliers nationaux : travaux sur chemins vicinaux est-il précisé.
Le Second Empire
Chacun sait que le Prince-Président fit son coup d’état au 2 décembre 1851. Que se passa-t-il à Ossey ? Sans doute rien qui vaille être raconté… J’aurais toutefois été curieux de connaître les résultats du plébiscite qui suit. Je n’ai découvert aucun document traitant de ce sujet. Mais je relève régulièrement la prestation de sermant des conseilliers municipaux: « Je jure obéissance à la constitution et fidélité à l’empereur; je le jure ! «
De même, les instituteurs – pouvaient-ils être autrement – prètaient solennement le serment exigé « Je jure obéissance à l’empereur et fidélité à la constitution » comme le prévoyait l’article 16 du senatus-consulte du 25 décembre 1852.
Je raconterai d’autre part les démêlés des électeurs des Trois-Maisons avec la municipalité, soutenus évidemment par l’autorité de tutelle.
Et j’en arrive à la guerre de 1870(lien 1, lien 2). La région connait l’invasions, les uhalans, l’occupation… et les dettes de guerre.
L’ennemi , pourtant était attendu: le conseiller municipal faisant fonction de maire – son nom n’est pas précisé – avait réuni le conseil le 27 août et mandat lui avait été donné de traiter, en cas de besoin, avec l’ennemi dans les meilleures conditions de façon à ménager les ressources de la commune et éviter tout pillage. Il était, d’autre part, prévu de faire jouer la solidarité des habitants en répartissant les charges de la commune au marc le franc entre les contribuables. Le 30 octobre, l’ennemi n’est pas encore arrivé; le « maire provisoire » réunit le conseil municipal pour pourvoir au paiement de 556,47 F représentant la contribution de la commune aux frais d’habillement, d’équipement et de solde de la garde nationnale mobilisée. Une tentative de placement d’obligations ayant échoué, la solution d’un emprunt est écartée et le contingent est couvert par ponction sur divers crédits ouverts au budget ( mur du cimetière, réparation de l’église). Parallèlement à ces difficultés, le conseil municipal se voit confronté avec le chômage provoqué par les hostilités; des travaux d’utilité communale ( cassage et épandage de cailloux) y apportent remède.
Mais l’ennemi n’est pas loin. 1 700 prussiens et 300 chevaux de passage campent au village le 11 novembre. Ils réquisitionnent de la viande ( 1 brebis, 1 vache, et 11 livres de viande abattue), du cidre (15l), du vin (44l), du tabac (4 paquets et 4 boîtes de cigares), de l’avoine(518kg), du fourrage (30bottes). Je précise que ces chiffres ne représentent pas les exigences allemandes mais les déclarations de leurs victimes… Bref, une dépense estimée à 273,15 F. Le conseil municipal décide de faire supporter le tout à la commune et qu’il y sera pourvu « aussitôt de faim se pourra ».
Mais l’ennemi va exiger une contribution de guerre. Une légende locale raconte que le Maire alla porter à Paris la contribution de la commune aux autorités d’occupation et d’ajouter qu’il a fait le voyage aller et retour dans la journée par les chemins de traverse. Notre Maire aurait été un rude marcheur! 200 km, pas moins, entre 2 soleils, son séjour à Paris eût été bref et il n’aurait pas perdu son temps à chercher son chemin. Il est vrai que d’autres avancent comme but: ESTISSAC; une soixantaine de kilomètres aller et retour, c’est tout de même plus raisonnable…
D’ailleurs un document conservé aux archives municipales rétabli la vérité:
« – Le 5 janvier 1871, le conseil municipal et les plus imposés régulièrement convoqués se réunissent à la maison commune.
Le Maire provisoire préside la séance. Il expose qu’un détachement ennemi est venu exécuter par les voies militaires, le paiement des impôts mis à la charge des communes;
Qu’il a du se rendre à ESTISSAC pour empêcher que les prussiens s’emparassent des chevaux d’Ossey ainsi que cela a été pratiqué autre part.
Il ajoute que le commandant d’Estissac lui a affirmé que si l’impôt n’était pas payé sous peu de jours, la commune d’Ossey serait éxécutée suivant les lois de la guerre, que la réalisation de cette menace étant certaine en ayant déjà reçu un commencement d’éxécution par l’envoi d’un détachement. Il convient de recouvrer sur les contribuables par voie d’emprunts, la somme de 1 406 F montant du contigent de la commune dans l’impôt départemental de 1 million et dans l’impôt des couvertures.
Le conseil municipal et les plus imposés adoptent à l’unanimité cette proposition et donnent droit et mission au Maire de réaliser ledit emprunt de 1 406 F dans les plus bref délai lequel emprunt sera remboursé aux souscripteurs aussitôt que la paix et les ressources de la commune le permettront. »
Et au verso de ce procès-verbal:
» – l’an 1871, le 8 janvier, le conseil municipal et les plus imposés convoqués régulièrement se sont réunit dans la salle de la maison commune.
Le Maire provisoire préside la séance. Il rend compte de la mission que lui a confié l’assemblée dans sa séance du 5 janvier, déclare que l’emprunt de 1406 F est souscrit. Il remet sur le bureau ladite somme de 1 406 F qui est comptée et reconnue exacte. Il dépose également la liste des souscripteurs.
Sur sa proposition, l’assemblée reconnait créanciers de la commune les souscripteurs portés dans l’état ci-après pour la somme qu’ils ont avancé et déclare itérativement que la souscription versée par chacun d’eux sera remboursée par voie d’imposition sur les 4 contributions directes, dés que la paix et les circonstances financières le permettront. »
Finalement, c’est une somme de 7 368 F qui a été versée, directement ou non, par la commune ou ses habitants aux autorités d’occupation. Voici le détail :
Total auquel il faut ajouter les diverses réquisitions en nature, aliments ou même en argent. On arrive alors au total de 11 045,67 F ainsi que l’annonce de la délibération rectificative du 11 octobre 1871, cette somme, comme promis sera donc remboursée aux souscripteurs et contribuables avec intérêts à 5 %.
Le 26 mai 1872, il reste encore 7 640 F à rembourser; une idemnité de secours accordée par le Préfet ramène cette somme à 6 879 F pour le paiement des intérêts desquels il faut voter 15 centimes additionnels en 1872.
Un autre secours est accordé le 24 août ( 1 575 F) qui devient d’ailleurs 4 188 F le 30 septembre. Il reste encore néanmoins 3 665,16 F augmentés des intérêts au passif de la commune. Il faudra donc que les contribuables supportent jusqu’en 1879 une imposition extraordinaire pour extinction de cette dette, malgré un aide supplémentaire de l’état de 476,31 F en février 1873 et 795 F en juin 1874. Et quand les contribuables se croiront débarrassés de cette imposition, le conseil minicipal décidera de la poursuivre pour financer la construction du clocher !
Point final à la guerre de 1870; le 20 février 1889, le conseil municipal vote la modique ( je cite) somme de 10 F pour le monument des Enfants de l’Aube…
La IIIème République
Elle a donc pratiquement commencé sous la botte allemande et sous le régime de l’imposition de guerre.
Chacun sait que la République n’appartiendra aux républicains qu’à partir de 1880. C’est en effet en cette année que sera célébrée la première fête nationale dont voici le programme local arrêté en séance du conseil municipal le 16 mai :
« La séance ouverte le Maire donne connaissance de la lettre de M. Le Préfet par laquelle il invite les municipalités à prendre part à la fête nationnale du 14 juillet.
le conseil, désirant s’associer à la France tout entière et répondre à l’invitation de M. Le Préfet, décide :
1:) La mairie sera pavoisée le 14 juillet
2:) Il y aura, le matin de la fête, une distribution de secours aux indigents
3:) A une heure et demi, le conseil municipal se réunira et à l’issue de la séance, il y aura revue de la compagnie des pompiers
4:) Une souscription est ouverte à partir de ce jour pour prendre part au banquet patriotique qui s’organise pour le 14 juillet.
Pour faire face aux dépenses nécessaires en cette occasion, le conseil délibère :
1:) Qu’une somme de 12 F sera prélevé pour secours aux indigents
2:) Qu’une somme de 28 F sera également prélevée pourdistribution de secours aux indigents, frais d fête publique et achat de drapeaux.
Cette somme de 40 F sera prise sur les dépenses imprévues du budget de 1880″
Au fil des années, le programme s’enrichira, mais dans l’ensemble variera peu ; une conférence sur la révolution et la prise de la bastille, distribution de récompenses aux enfants des écoles et exercices de gymnastique pour les élèves de 1882, course en sac pour les jeunes gens, exercices de musique par les élèves de l’école, conférence sur les différentes lois électorales en 1883 …
C’est encore la IIIème république et sa législation scolaire qui vont permettre la construction d’une marie-école moderne, inaugurée par Jean CASIMIR-PERIER
Qui est Jean CASIMIR-PERIER ?
1894 (27-6) Jean Casimir-Perier (Paris, 8-11-1847/11-3-1907) fils d’un ministre de l’Intérieur ; petit-fils du Pt du Conseil de Louis-Philippe. Équipe un bataillon de mobiles dans l’Aube et sert en 1870 comme capitaine, 1876 député de Nogent-sur-Seine (centre gauche). 1885 député de l’Aube ; Pt de la Chambre. 1893 Pt du Conseil, crée le ministère des Colonies. Élu Pt de la Rép. au Ier tour par 451 voix sur 851 Brisson 195, Dupuy 97, Gal Février 53, Arago 27 ; (accepte après beaucoup d’hésitations) ; il est violemment attaqué par la gauche, à cause de sa fortune. Charles Dupuy reste Pt du Conseil ; -26-7 5e loi » scélérate » contre les anarchistes (sur la propagande par le fait) votée par 269 députés contre 163 (150 abstentions) ; -28-7 votée par 205 sénateurs contre 34. 1895-14-1 Casimir-Perier démissionne brusquement, se plaignant de ne pas être informé de la situation politique par ses ministres. Devenu Pt de la Cie des mines d’Anzin, il se retire de la vie politique.
(Source quand le site était encore actif QUID : http://www.quid.fr/WEB/HISTOIRE/FR/Q018370.HTM)
Je passe, faute de documents précis sur les tempêtes soulevées par la séparation des églises et de l’état : le 13 févirier 1907 le conseil accorde la jouissance gratuite de l’église « au demandeur » et cela pour 18 ans…
La guerre de 1914-1918 apporte son lot de souffrance, de malheurs et de deuils, de réquisitions aussi: dés le 15 novembre 1914, le conseil municipal évoque le déroulement satisfaisant des semailles « si l’armée ne réquisitionne plus de chevaux »; puis le 3 février 1915 proteste contre le pris de l’avoine réquisitionnée (20,25 F le quintal au lieu de 22 ), le 22 août 1915 contre la quantité imposée à la commune (200 q) qui « va restreindre la consommation des chevaux restants ». D’autres protestations suivront: contre le manque de médecine (fevrier 1915), la fréquences des réquisitions des chevaux et voitures (22 août 1915), contre le manque de semences de pomme de terre (21 mars 1917), contre les réquisitions de fourrages (15 août 1915) et d’avoine (2 septembre 1917, 24 novembre 1915, 15 décembre 1918), contre la réglementation de la vente du pain (22 décembre 1917), contre les réquisitions des pommes de terre (3 février 1918), contre l’établissement d’un champ de tir à Vaudepuits , plus tard contre la direction de la ligne de tir et puis contre la fréquence des tirs aériens…ouf!…
Rien de notable pentre l’entre deux guerres; l’érection d’un monument aux morts ranimera quelques haines politiques et confessionnelles au lieu de fortifier la fraternité qui fut celle des poilus dans les tranchée…
La guerre, en effet avait laissé sa trace sanglantes: 16 noms gravés dans la pierre du monument l’attestent. D’autres cicatrices qui s’effacent peu à peu sous l’effet de l’érosion marquent l’emplacement des travaux entrepris sur le champs de tir de Vaudepuits.
La Guerre de 1939-1945
Les bonnes habitudes ne sont pas perdues; dès le 6 novembre les protestations commencent contre les réquisitions, le 24 avril 1940 c’est contre le manque de main d’oeuvre agricole.
Mais revenons aux opérations; Ossey est devenu dans les premiers jours de la guerre une étape pour les opérations de réquisition de chevaux; ce qui implique l’approvisionnement d’un millier de bêtes en paille et en fourrage.
Les jours sombres de juin sont marqués par une attaque d’avions italiens (13 juin) qui mitraillent un convoi d’artillerie garé sous les peupliers de la voie basse, mais aussi les réfugiés qui traversent le village. On déplore 4 victimes – des habitants de la Marne, et les cadavres d’une cinquantaine de chevaux vont empuantir l’atmosphère pendant quelques jours, tandis que fourgons militaires, caissons et pièces de 155 sont abandonnées par les artilleurs dans les champs ou sur le bord du chemin.
La commune est occupée par l’ennemi le 14 juin en matinée: les allemands déplorent 2 victimes, des motocyclistes, sur la côte de Marigny. Pendant ce temps la plupart des familles locales se trouvent en exode sur les routes de l’arrondissement. Elles rentrent très vite d’ailleurs pour trouver les maisons pillées et les récoltes saccagées par 150 chevaux d’artillerie qui errent dans la campagne. 70 bovins et 1000 moutons ont été lâchés par leur propriétaire. Ceux ci les récupèrent tant bien que mal de retour à la ferme familliale. Le maire, M.MORIN y trouve la commandanture avec le drapeau à croix gammée flottant sur un hangar: poliment les occupants s’effacèrent devant « Monsieur Bourgmestre » et allèrent s’installer ailleurs, les bureaux se fixant à la Marie, le mobilier de l’école ne gagne rien à ce voisinage. Il est vrai que la commune perçut à ce sujet 2 500 F de dommage de guerre …. en 1954.
La guerre laissait encore au village 2 blessés et une bonne trentaine de prisonniers qui vont être acheminés vers les stalags d’outre-Rhin.
2 batteries allemandes ( soit 150 chevaux) occupèrent successivment le village du 3 juillet au 13 septembre puis du 7 décembre 1940 au 18 mars 1941. La vie du village doit s’accommoder des sujétions de l’occupation. Les privations sont d’abord assez mal supportées. Dés le 24 novembre, le conseil municipal se fait l’écho des habitants pour demander le rétablissement des services d’autobus: vou qui reste lettre morte…
Conformément aux directives inspirées par l’occupant, le maire doit prendre un arrêté pour collecte des os (15 décembre 1940) puis pour établir une commission de classification des consommateurs. C’est là, le prélude au rationnement dont le service finalement sera assuré par un seul homme qui généreusement pour celà recevra une prime de 463 F en 1941 et de 679,50 F en 1942. A cette date, une commision de contrôle des titres d’alimentation est créée. Les commissions fleurissent pendant cette période. Plus tard (1943), viendra encore une comission d’évaluation des ressources en boucherie, puis une commission d’entraide agricole.
L’occupant, surtout au début, fait preuve de rapacité devant les ressources offertes par l’agriculture locale. Mais le vieux fonds contestataire local se réveille dès novembre 1940 quand les paysans locaux sont taxés d’un contingent de 1 150 q. de paille qu’avec la meilleure volonté du monde, ils sont incapables de fournir. Plus tard, les réparties ironiques et mordantes du vieux Marie d’Ossey cingleront plus d’une fois les occupants ou leurs valets et resteront longtemps célèbres dans le canton. Faut-il préciser que les Allemands récupèrent le cuivre des fils de la ligne électrique d’éclairage public ?
Enfin le voisinage du camp de Romilly amena bien souvent les avions allés dans le ciel du village. Et comme la D.C.A. allemande était assez précise, il arriva plus d’une fois que les bombardiers anglais durent se délecter de leurs projectiles avec de s’écraser dans le voisinage; ainsi, en novembre 1942, quand les bombes tombèrent derrière les Trois-Maisons et, une autre fois, quand les « sapine à FILLIOT » reçurent un chapelet d’engins incendiaires.
J’ai dit plus haut que 30 mobilisés du village, devenus prisonniers de guerre, étaient retenus en Allemagne depuis 1940, un seul avait bénéficié d’une libération immédiate, quelques-uns restèrent au cours des hostilités, un certain nombre fut converti en travailleurs du travail obligatoire. Ce service du travail obligatoire trouva d’ailleurs facile pâture dans le monde de la bonneterie locale; de volontaires point, mais des requis (11). D’autres, visés par de sournoises délations n’y échappèrent que par mirale. Quelques-uns d’entre-eux, enfin, préférant se terrer en attendant des jours meilleurs. Le village héberges des réfractaires venus de l’extérieur (4); ce qui m’amène à parler de la résistance.
La résistance locale ? Si vous en parlez à ceux qui s’honorent d’en avoir fait partie, vous en retirez l’impression d’une organisation solide, active au rôle prépondérant. Mais si votre interlocuteur est un monsieur « Tout le monde » vous recevez un sourire amusé, parfois même des commentaires désobligeants; chacun sait qu’il n’est pas possible de plaire à tout le monde, en période de troubles surtout…
Les résistants locaux (Georges GUSIEE, Marceau NOËL, Marcel DUPONT, André CHARRIER, Albert FONTAINE, Marcel SAUTIERE, JOUOT, Pierre LEBRUN, Raoul AUVAGE et Aimé LEPLAT) se partageaient en 3 réseaux dépendant des F.T.P. (Francs-Tireurs et Partisans) de Romilly. L’instituteur HARDIN fervent socialiste, militait au mouvement de
Leur activité s’étendit à plusieurs domaines; en premier l’hébergement d’aviateurs alliés. Ils assurèrent ensuite une partie du ravitaillement du maquis de Rigny la Nonneuse et plus particulièrement celui des combattants réfugiés dans le bois de Conges qui recevaient la nourriture des mains de Marceau NOËL; alors domestique . La résistance osseyonne se targue encore du plastiquage des pylones haute-tension, du vol de cuivre collecté par l’occupant et naturellement de transports d’armes. Je ne saurais passer sous silence l’activité de Marcel DUPONT qui, grâce à ses multiples connaissances, à l’autorisation de circuler (délivrée par les Allemands) et à son entregent personnel abattit un travail énorme , surtout dans les divers transports nécessités par la situation. Les mauvaises langues ajouteront encore le vol des bons de tabac à la mairie et la récupération de l’argent parachuté. Pourtant ….personne ne semble s’être enrichi au village…. ou bien l’argent a filé vite. Personne non plus n’a été décoré…
La libération s’effectue sans heurts malgré les appréhensions du maire qui n’appréciait guère cette activité clandestine et ce déploiement plus ou moins ostentatoire de mitraillettes et de fusils de chasse…
Au dire des résistants, l’armée américaine contactée dès son arrivée à Villadin vit sa progression assurée par l’action des F.F.I. ( Forces Françaises de l’Intérieur) jusqu’à Romilly. Mon voisin m’affirme avoir stoppé à la voie de Pont l’avance d’une patrouille de 3 jeeps. Il informe les Américains de la présence de 300 Allemands à Origny. Des chars arrivèrent ensuite par la colline de la Potence puis traversèrent les Trois-Maisons. C’était fini, on pouvait pavoiser et sonner les cloches !
Il faudra attendre encore plus de 6 mois avant de voir revenir au village la bonne vingtaine de prisonniers et de travailleurs enfin libéré des geôles allemandes…
Extrait des archives municipales collectées, assemblées et rédigées par M.Favin, ancien instituteur et ancien secrétaire de Mairie.